Yuri Kuper
(1940-)
Yuri Kuper, est un artiste russe fasciné par les marques que le temps dépose sur les choses. Il étudie à l’Académie d’Art de Moscou. A la fin des années 1960, il est membre de l’Union des peintres d’URSS et expose régulièrement. Il est réputé pour ses illustrations de livres et ses talents de scénographes. En 1970, il conçoit les décors de la pièce de Léonide Zorine, La grand-mère de cuivre (dédiée à un épisode de la vie d’Alexandre Pouchkine) pour le Théâtre d’Art (MKHAT). La création n’aboutit pas en raison de l’opposition des pouvoirs publics de l’époque. Ce qui le marque profondément.
Kuper quitte la Russie pour Israël au début des années 1970. Il s’installe ensuite à Londres puis à Paris. Il séjourne également aux États-Unis. Il est fortement impressionné par la liberté, l’absence de censure, la différence de valeurs du monde occidental en comparaison de ce qu’il a connu en Russie. A Paris, au début des années 1980 il parvient à nouer des collaborations avec d’importantes galeries ainsi la galerie Claude Bernard, la galerie Jan Krugier- Ditesheim & Cie, la galerie Vallois ou encore la Bouquinerie de l’Institut (aujourd’hui Galerie de l’Institut). Sa peinture se situe alors dans une veine poétique onirique, dans la continuité du surréalisme. Sa rencontre avec le photographe américain, John Stuart, est un tournant majeur dans l’orientation de sa démarche artistique. Stuart l’incite à peindre les objets de son entourage. Ce que Kuper va faire selon le prisme du passage du temps. Celui-ci façonne la vie des objets, leur donne de la profondeur, de l’épaisseur. Son esthétique très personnelle et immédiatement identifiable, repose sur la matière vieillie, érodée, usagée des choses du quotidien dans des mises en scène où règnent des sentiments de mélancolie et de solitude.
Sa pratique de la peinture dépasse le cadre de la toile ou du tableau. Il crée en effet des œuvres en volume, utilisant des objets comme support de peintre : des cuillères, des couteaux, des pinceaux, des pelles, des boîtes. Comme la plupart des artistes de son temps, Kuper exerce son art dans de nombreux autres domaines que ceux des traditionnels Beaux-Arts. Il crée des céramiques et des bijoux, ces derniers paraissant sortis de ses toiles. Tandis que certaines de ses céramiques, comme ses tasses, ressemblent à des vestiges archéologiques. Il compose des décors de théâtre et d’opéra, Boris Godounov, opéra de Modeste Moussorgski, en 2007, Carmen de Georges Bizet en 2008, Othello de Gioachino Rossini en 2008-2010, Casse-Noisette de Piotr Ilitch Tchaïkovski, 2013. Kuper a également à son actif une tapisserie et des illustrations de livres, en lithographie, notamment la pièce de théâtre d’Alexandre Pouchkine, Mozart et Salieri (1830), (Paris, édition Philippe Moreno, 2010) ainsi que la même année Le livre de Job, Saint Pétersbourg, Rare books, 2010 ; puis Le Lac des cygnes, édité par la même maison en 2014.
Yuri Kuper a une importante pratique de la lithographie en particulier avec l’atelier Bordas, célèbre imprimerie créée par Frank Bordas en 1978.