Olivier O. Olivier
(1931-2011)
Olivier O. Olivier, de son véritable nom, Pierre-Marie Olivier, naît à Paris le 1er mai 1931. Il est très tôt initié au dessin et à la peinture par son père, Ferdinand Olivier (1873-1957), peintre dans le prolongement du post-impressionnisme. Après une licence de philosophie à la Sorbonne, Olivier O. Olivier entre à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1954 à l’heure où l’art informel s’impose. Il y étudie la peinture dans l’atelier de Raymond Legueult où il rencontre Roland Topor avec lequel il noue de profonds liens amicaux. Olivier O. Olivier reçoit une formation classique lui assurant une maîtrise technique de ses moyens d’expression. Il suit également à l’Académie de la Grande Chaumière les cours de dessin d’Edouard Goerg dont l’univers graphique fantastique est proche du symbolisme.
Les palettes, 2010, huile sur toile © ADAGP, Paris, 2023.
Olivier O. Olivier adhère en 1949 au Collège de ‘Pataphysique, « société de recherches inutiles et savantes », co-fondé l’année précédente par Emmanuel Peillet, son professeur de philosophie au lycée. « Science des solutions imaginaires », « science des exceptions », inventée par Alfred Jarry, le créateur d’Ubu, la ‘Pataphysique rassemble au fil du temps des personnalités partageant le même goût du décalage, et de l’écart ainsi de Raymond Queneau, Boris Vian, Eugène Ionesco, Michel Leiris et, parmi les artistes, Marcel Duchamp ou Max Ernst. En 1999, Olivier O. Olivier adhère à l’OUPEINPO, créé au sein du Collège en 1980, contraction de l’OUvroir de PEINture POtentielle, équivalent en peinture de l’OULIPO en littérature, groupe de recherche littéraire fondé lui en 1960 par le mathématicien François Le Lionnais et Raymond Queneau. L’enjeu est donc, d’inventer de nouvelles formes de peinture. Olivier est Régent d’Onirographie et Satrape du Collège de ‘Pataphysique.
En 1963, il rejoint le groupe Panique créé un an auparavant par son ami Roland Topor, Fernando Arrabal et Alexandro Jodorowsky. « Parodie joyeuse du surréalisme[1] », l’esprit Panique se caractérise par une prédilection pour le jeu, l’humour, la dérision, l’absurde. Chacun déploie sa créativité librement. Il prend à cette époque pour nom d’artiste Olivier O. Olivier.
L’année suivante il expose pour la première fois en participant au XVe Salon de la Jeune Peinture, défenseur de la figuration, qui connaît à l’époque un renouveau avec la présence de Gilles Aillaud et Edouardo Arroyo protagonistes de la nouvelle figuration – Figuration narrative. Olivier O. Olivier y expose également en 1965. En 1967 il collabore au Comité du Salon avant d’en devenir membre l’année suivante ; année où il participe à la « Salle Rouge pour le Vietnam » avec Aigle pris dans les lianes (musée d’Art moderne de Paris) aux côtés de vingt-quatre autres artistes. Les évènements du printemps 1968 empêchent la tenue du Salon cette année-là. Les œuvres sont présentées en janvier 1969 à l’ARC au musée d’Art moderne de Paris. Olivier O. Olivier fait toujours partie du Comité du Salon en 1969. Il y expose jusqu’en 1970.
La Balle,1997, pastel sur papier © ADAGP, Paris, 2023.
Son univers, un réalisme teinté d’« étrangetés discrètes[2] », de bizarreries burlesques, s’affirme pleinement à l’orée des années soixante-dix comme l’un des apports d’une nouvelle génération d’artistes[3]. Les Chasses de naphtalines exécutées en 1967, représentant une main dont les doigts sont munis de filets pour attraper les mites, en marquent le point de départ.
Il expose au Salon de Mai, dédié à la jeune peinture, en 1970, 1971, 1972. En 1972, il expose également à Amsterdam, galerie Balans, et figure parmi les artistes retenus par François Mathey, pour illustrer le panorama de Douze ans d’Art contemporain en France, manifestation officielle à l’initiative du président Georges Pompidou, présentée au Grand Palais durant le printemps et l’été[4].
La première exposition personnelle d’Olivier O. Olivier date de 1973 à la galerie Aurora de Genève.
En 1976, il s’installe dans un atelier rue de la Gaîté qu’il conserve tout au long de sa carrière. A partir de cette année, il expose en particulier à la galerie parisienne Jean Briance créée par Jean Thuillier et Claudine Martin, puis dans les années 1990 à la galerie de France. A la même époque, la galerie Sonia Zannettacci, à Genève, présente aussi régulièrement son travail.
Outre en France et en Suisse, il expose en Belgique, en Italie (Biennale de Venise en 1982), en Chine dès 1999, en Turquie, aux Etats-Unis et régulièrement dans de nombreuses foires internationales (Art Basel, Art Chicago, Art Miami, FIAC, ARCO Madrid, Art Shangaï).
Ses dernières séries, en 2010 et 2011, représentent des crabes en suspens ainsi que des palettes à côté de membres de corps le tout également suspendus.
Olivier O. Olivier reçoit en 2006 le Grand Prix de l’humour noir. Il s’éteint à près de quatre-vingts ans en avril 2011. Il repose au cimetière du Montparnasse.
Des œuvres de l’artiste sont conservées dans des collections publiques, notamment : le musée national d’Art moderne, Centre Pompidou ; le musée d’Art moderne de Paris ; le Fonds national d’Art contemporain ; la Bibliothèque nationale de France, Département des estampes et de la photographie ; le musée des Beaux-Arts, Lausanne ; le musée de L’Institut central des Beaux-Arts, Pékin.
[1] Philippe Garnier, « Olivier l’intemporel », dans Frédéric Pajak (éd.), Olivier O. Olivier. Peintures, Paris, Les Cahiers dessinés, 2019, p. 25.
[2] Philippe Dagen, Le Monde, Paris, 21 avril 2011.
[3] Jean Clair, L’Art en France. Une nouvelle génération d’artistes, Paris, Chêne, 1972, ouvrage dont la revue Chroniques de l’art vivant a été le laboratoire à partir de novembre 1968.
[4] François Mathey (dir.), Douze ans d’Art contemporain en France, cat. exp. Paris, Réunion des musées nationaux, 1972, p. 290-291.