Phenomena
Paul Jenkins
Aquarelle
79,5 x 110 cm
Signée par l’artiste à l’encre en bas à droite
Paul Jenkins était un grand lecteur de Kant, et ses œuvres prenant le nom de « phénomène » peuvent être contemplées à la lumière de la définition du philosophe :
« un composé de ce que nous recevons des impressions et de ce que notre propre faculté de connaître tire d’elle-même »
Cette forme au milieu de l’œuvre, dénuée d’aquarelle, évoque le triangle des couleurs dont parle Goethe dans son Traité des couleurs. Jenkins étant adepte de la conception proposée par l’auteur, on peut penser qu’il s’en est imprégné dans son œuvre.
Goethe commence le chapitre six de son ouvrage ainsi : « [La couleur] exerce, lorsqu’elle est seule, un effet spécifique, et en combinaison un effet d’une part harmonieux, d’autre part caractéristique, souvent aussi disharmonieux, mais toujours incontestable et important ; cet effet touche directement la nature morale. Ce pourquoi la couleur, en tant qu’élément de l’art, peut être utilisée et peut collaborer aux fins esthétiques les plus hautes ».
Ainsi, les couleurs sont apposées sur le papier manipulé par le peintre afin qu’elles s’écoulent selon une certaine manière. Ces coulures et ces superpositions dont l’agencement est unique, caractéristique, forment pourtant un ensemble harmonieux créant un plaisir esthétique intemporel chez le spectateur.